Peut-on être une « bonne mère » ? Les dilemmes de la maternité

Être mère est un rôle exigeant qui soulève de nombreuses questions. Suis-je une bonne mère ? Fais-je les bons choix pour mon enfant ? Comment trouver le juste équilibre entre mes besoins et les siens ? Autant de dilemmes auxquels sont confrontées la majorité des mères d’aujourd’hui.

Notre époque survalorise l’image de la mère parfaite, celle qui se sacrifie entièrement pour ses enfants. Pourtant, la réalité est bien plus nuancée. Entre l’ange et la sorcière, existe la « mère suffisamment bonne », celle qui parvient à concilier besoins de l’enfant et épanouissement personnel.

Le mythe écrasant de la « bonne mère »

Les mamans d’aujourd’hui évoluent dans un paradigme où la pression sociale est intense. Manuels éducatifs, forums de parents, réseaux sociaux… tous véhiculent l’image d’une maternité idéale irréprochable. Résultat : près de 80% des mères françaises estiment ne pas être à la hauteur.

Une injonction à la perfection

Être mère en 2024, c’est se retrouver confrontée à une multitude de normes éducatives souvent contradictoires. Allaitement, diversification alimentaire, utilisation des écrans… sur tous ces sujets, les discours prescriptifs pullulent.

  • Se nourrir exclusivement au sein les 6 premiers mois.
  • Faire découvrir les légumes dès 4 mois à bébé.
  • Pas de téléphone portable avant 3 ans.

Difficile dans ce contexte de trouver ses marques. 60% des mères avouent avoir peur de mal faire, quand 25% disent culpabiliser quotidiennement.

Le spectre de la « mauvaise mère »

Cette pression sociale intense fait peser une lourde menace : celle de la « mauvaise mère ». Plus les attentes sont élevées, plus l’écart se creuse entre le modèle idéalisé et la réalité du terrain. Résultat : le moindre écart de conduite est vécu douloureusement.

Un sondage révèle ainsi que 65% des mamans s’en veulent après avoir crié sur leur enfant et 44% après l’avoir laissé devant un écran pour souffler. Pourtant ces réactions traduisent juste un excès de fatigue ou de stress, inhérents au rôle de parent.

Ni ange, ni sorcière : trouver l’équilibre

La réalité de la maternité se niche entre ces deux extrêmes que sont la perfection et l’échec total. Apprendre à se libérer de cette dichotomie culpabilisante est essentiel pour trouver un équilibre.

Accepter ses limites

La maternité est un apprentissage. Chaque maman avance par tâtonnements, avec ses doutes et ses erreurs. Plutôt que de viser la perfection, mieux vaut accepter ses limites pour éviter de sombrer dans la frustration.

  • Un bébé qui pleure peut rendre fou, pas de honte à le poser 5 minutes dans son lit pour respirer.
  • Commander une pizza parce qu’on n’a vraiment pas la motivation de cuisiner, ce n’est pas un drame non plus.

Faire confiance à son instinct

Face à la multitude de recommandations éducatives, difficile de s’y retrouver. Plutôt que de s’épuiser à vouloir les appliquer toutes, mieux vaut choisir celles qui nous conviennent selon nos valeurs et notre style de vie. Et faire confiance le reste du temps à son instinct de mère ! Car qui mieux que soi connaît les besoins de son enfant ?

Accorder du temps pour soi

Entre un bébé très demandeur et le quotidien à gérer, une maman peut vite avoir l’impression de disparaître. Pourtant, prendre soin de soi est tout aussi vital que de s’occuper de bébé. Même 30 minutes d’activité choisie par jour peuvent suffire : sport, lecture, solo chez le coiffeur…

C’est en se sentant épanouie que l’on est la mieux à même d’épanouir son enfant. Alors pour être une « bonne mère », commencez par vous accorder un peu de bonheur en solo !

Une mère « suffisamment bonne »

Le psychiatre et psychanalyste Donald Winnicott a théorisé le concept de « mère suffisamment bonne ». Ni parfaite, ni défaillante, celle-ci répond aux besoins de l’enfant tout en préservant sa vie personnelle.

Répondre aux besoins de bébé

Les premiers mois, le nouveau-né est totalement dépendant. La mère « suffisamment bonne » est alors capable de s’adapter à ses besoins, en mettant de côté provisoirement ses propres désirs.

Progressivement, à mesure que bébé grandit et devient plus autonome, elle encourage aussi cette individuation. Son rôle est de l’accompagner vers son indépendance, et non de le maintenir dans un cocon permanent.

S’autoriser du temps pour soi

Tout en répondant aux besoins de l’enfant, la « bonne mère » sait aussi prendre du temps pour elle. Que ce soit ponctuellement pour souffler, ou de façon plus régulière pour s’épanouir dans sa vie professionnelle par exemple.

En effet, une maman épanouie élèvera un enfant plus épanoui. Accorder de l’importance à ses propres désirs est donc tout aussi fondamental.

Les bouleversements de la maternité contemporaine

De nombreux aspects de la maternité ont évolué ces dernières décennies, soumettant les mamans à de nouvelles formes de pression.

La charge mentale des mères

Si nos aïeules vivaient entourées de leur famille élargie, la mère contemporaine est bien souvent seule face à ses responsabilités. C’est à elle que revient la charge mentale, soit la gestion des tâches ménagères et parentales : habiller les enfants, gérer le frigo et les repas, anticiper les rendez-vous médicaux et scolaires…

Résultat, près de la moitié des mères françaises considèrent manquer de temps pour elles. Difficile dans ce contexte de parvenir à se ressourcer.

Le diktat du naturel

Paradoxalement, l’idéologie écologiste ambiante fait aussi peser certaines injonctions. L’allaitement, les couches lavables ou le portage sont érigés comme des marqueurs de la « bonne mère ». Y renoncer, c’est s’exposer aux foudres des bien-pensants.

Pourtant, l’essentiel reste avant tout le bien-être de l’enfant et le respect de ses rythmes. Peu importe que l’on allaite ou non, ou que l’on utilise des pampers, du moment que bébé est aimé et épanoui.

Le temps du travail des mères

La gent féminine a massivement rejoint le marché du travail ces 50 dernières années. Ainsi 75% des mamans exercent une activité professionnelle. Si le fait de travailler est source d’épanouissement personnel, cela complexifie aussi l’organisation familiale.

Le soir venu et le week-end, la charge mentale et domestique repose bien souvent encore sur les épaules de la mère. L’impression de ne jamais souffler guette alors…

Clés pour être une « bonne mère »

Face à ces bouleversements, comment trouver sa place et renouer avec la confiance en soi ? Quelques clés pour vivre plus sereinement son rôle de mère.

Lâcher prise sur les injonctions éducatives

On a vu à quel point les recommandations éducatives pouvaient être écrasantes, et souvent contradictoires. Commencez donc par alléger votre charge mentale et choisissez juste quelques grands principes qui vous conviennent. Pour le reste, n’hésitez pas à faire confiance à votre instinct !

Renforcer la co-parentalité

Le rôle de parent ne devrait pas reposer uniquement sur les épaules de la mère. N’hésitez pas à répartir certaines tâches avec votre conjoint. Qu’il s’agisse du bain de bébé, ou de préparer le sac avant l’école pour l’aîné. Chacun à 50% !

Oser dire stop et demander de l’aide

Lorsque votre filet de sécurité habituel est absent (famille éloignée etc.), n’hésitez pas à constituer un réseau d’entraide. Les proches sont souvent très heureux de vous donner un coup de main. Et pour des besoins ponctuels comme souffler quelques heures, des baby-sitters professionnelles peuvent prendre le relais.

Consulter en cas de besoin

Si malgré tout votre équilibre psychologique est trop fragilisé, vous pouvez aussi consulter un professionnel. Plusieurs options s’offrent alors à vous:

  • Le psychiatre peut prescrire un traitement médicamenteux adapté si nécessaire.
  • Le psychologue vous permettra de mettre des mots sur votre mal-être et trouver des solutions concrètes.
  • Enfin dans les cas extrêmes, les hôpitaux de jour mère-bébé vous accueillent quelques heures par jour pour souffler tout en restant avec votre nourrisson.

Privilégier sa tribu plutôt que les réseaux sociaux

Enfin, pensez aussi à vous mettre en retrait des réseaux sociaux si vous y puisez plus de frustrations que de soutien. Votre petit cercle proche sera toujours votre meilleure boussole, bien plus que les injonctions d’inconnus ou les photos idéalisées de mamans parfaites !

Conclusion

La pression sociale qui pèse sur les épaules des mères contemporaines est immense. Pourtant, il existe une voie entre le sacrifice total et la culpabilité écrasante. En acceptant que la perfection n’existe pas, et qu’être « bonne mère » ne signifie pas cesser d’être femme et individu à part entière.

Alors n’ayez plus honte de vos larmes, de vos doutes ou de vos limites. Vous n’en êtes pas moins une merveilleuse maman, tout simplement humaine, qui fait de son mieux pour voir grandir un enfant heureux. Et c’est là le principal !

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